Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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bombes sont lancées avec plus de fureur ; le drapeau noir est la direction qu’on leur fait suivre. Il remplace tous les signaux donnés auparavant par les traîtres pour l'exécution de ce sacrilége.

Les assiégés commencèrent à sentir les horreurs de la famine dès qu’on leur eut enlevé la petite ville de la rive du Gier, qui leur servait à faire venir des blés de la plaine du Forez. La

lupart des moulins avaient été détruits par le bombardement. Les femmes proposèrent alors que le pain de froment ou de seigle fut réservé aux combattans; elles, les enfans, les vieillards, recurent une portion d’une demi-livre de

ain d'avoine par jour- Bientôt tous les différens genres de comestibles furent épuisés.

Dans cette extrémité, les assiégés cherchèrent à faire sortir

plusieurs personnes inutiles à la défense de cette ville. Un collégue de Dubois-Crancé fit un acte d’inhumanité que rien n’excuse. On vit entrer dans le camp des assiégeans sa Sœur ; habitante de Lyon; elle arrivait avec sa famille, exténuée de faim. Qu'elle retourne ;, s'écria le commissaire de la convention ; qu’elle aille demander du pain aux rebelles. Dubois-Crancé et son collégue furent rappelés à Paris, accusés {qui le croirait?) de traiter les Lyonnais avec irop de douceur. Ils furent remplacés par trois hommes qui portaient avec eux tous les crimes , Gollot-d'Herbois, Couthon et Maignet. Ceux-ci déployèrent tant de terreur dans tous les départemens voisins, qu'ils accrurent l'armée des assiégeans d’une masse innombrable. 1l n’arriva plus rien que de funeste aux Lyonnais. Emportés par trop d’ardeur dans leurs sorties , ils restaient souvent enveloppés par la multitude de leurs ennemis. Une attaque générale tentée contre eux eut un succès complet sur presque tous les points; ile furent obligés de se retirer de leurs trois meilleures positions, le pont d'Oullins, les hauteurs de Sainte-Foi, et celles de la Groix-Rousse. Précy tentait encore quelques coups de désespoir, mais il ne pouvait rappeler la fortune. Tous les hommes armés concurent alors un projet dont ils espéraient encore le salut de leurs concitoyens, c'était celui de sortir de la ville. Les vainqueurs exerceraient-ils leur vengeance sur des êtres qui ne pouvaient plus leur inspirer nul effroi ? Le blocus d’une aussi grande ville que Lyon laissait quelques points dégarnis favorables à cette sortie. Précy devait l'effectuer en deux colonnes par la porte de Vaise. Il voulait côtoyer - quelque temps la Saône, la passer à Riotier, et s’avancer, par le département de l'Ain, vers la frontière de la Suisse. Des traîtres avertirent de ce projet les commissaires de la convention. Les derniers et faibles restes de l’armée lyonnaise ne