Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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battre, mais des scrupules à subjuguer. Bonaparte les fit taire par la réponse juste et véhémente qu’il adressa à un député qui avait interrompu son discours pour réclamer la constitution de l'an 3: « La constitution, avait-il repris, vous convient-il de linvoquer! Qu'’est-elle autre chose à présent qu’une ruine ? N'a- t-elle pas été successivement le jouet de ” tous les partis? Ne l’avez-vous pas foulée aux pieds au 18 fructidor, au 22 floréal, au 28 prairial? La constitution ! n'est-ce pas en son nom qu’on a organisé toutes les tyrannies depuis qu’elle existe ? À qui peut-elle désormais offrir une garantie réelle ? Son insuffisance n’est-elle pas attestée par les nombreux outrages que lui ont prodigués ceux mêmes qui lui jurent en ce moment une fidélité dérisoire ? »
Le général quitta le conseil des anciens, lorsqu’après avoir employé les plus vives exhortations, il fut sûr de la fidélité de cette assemblée. Il était impatient de se montrer au conseil des cinq-cents. Ses compagnons d'armes s'inquiètent : ils veulent le suivre. Le guerrier s’obstine à ne point opposer l'appareil militaire au tumulte d’une assemblée représentative. On l'annonce ; un transportde fureur éclate dans l'assemblée. Le général est sans armes : plusieurs députés sont armés de stylets, de poignards.Ils’avance vers le bureau.ll se faitun mouvementpour le cerner.On quitte son poste, on s’élance : les uns pour défendre le général, les autres pour l'isoler de tout secours. Tant defanatiquess’annoncent, qu’on peut craindre patmieux un assassin. Les cris, àbas lelyran, hors la loi le dictateur, semblent hâter le crime qui est sur le point de se commettre. Plusieurs députés appelèrent l'attention sur eux parleuracharnement etleur rage. Celui qui lesadispersés a oubliéleurs noms; je neles rappelerai pas. Bonaparte n'eut quelque temps contre eux d'autre défense que son regard ferme et menaçant. Mais ses amis ont entendu de la salle voisine les cris qui semblent le vouer à la mort. Le général Lefebvre entre avec quelques
renadiers, Ils s’élancent au secours de Bonaparte, ils Penveloppent, ils l'emmènent. Le grenadier Thomé, en le couvrant de son corps, est frappé d’un coup de stylet dirigé contre lui. Bonaparte est enfin au milieu de ses frères d'armes.
La fureur à laquelle il vient d’être soustrait retombe sur son frère Lucien , qui présidait l'assemblée. On veut le forcer, par toutes les violences et toutes les menaces, de prononcer un décret qui mette hors la loi un héros , l'honneur de son nom et l'espoir des Francais. fl résiste avec indignation. Il quitte le fauteuil pour aller à la tribune défendre son frère. Sa voix est étouffée dès les premiers mots. On lui prescrit de remonter au fauteil du président pour y prononcer un decret fra= tricide, Il s’ayance vers la place qu’on lui indique; mais c’est