Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
246 APPENDICE.
Parmi ces derniers on a vu des intrigans sans pudeur parcourir différentes villes et y déposer leur vote d'approbation sur chacun des registres qui y étaient ouverts. Napoléon n’en devait pas moins être proclamé empereur. On sait que ce fatle 11 frimaire an 13 (2 décembre 1804) qu’il placa la couronne sur sa tête. Il voulut, ainsi que Charlemagne , que le chef de l'Eglise le consacrât comme l’oint du Seigneur. Nous ne voudrions pas assurer que le souverain pontife a été plus tard d'accord avec lui-même dans sa conduite et dans ses principes.
Peu de jours après le couronnement , Napoléon distribua ses aigles à l’armée, Il recut les témoignages d’un enthousiasme non équivoque; sa gloire réelle, son élévation prodigieuse tout commandait l'admiration. Les militaires sentaient déjà leurs forces et espéraient peut-être pouvoir disposer un jour de l'empire ainsi que les prétoriens.
Au point où nous sommes parvenus, en précipitant notre course , presque tous les personnages de la révolution s'éloignent ou s’éclipsent dans des rôles secondaires. Il n’y a plus qu’un seul pouvoir , qu’un seul homme dans l’état, et l'histoire de la France semble n'être plus que celle de Napoléon. Cette observation frappante de justesse appartient à un écrivain qui n’a pas toujours su juger avec impartialité Fhomme étonnant qui jouait alors un si grand rôle. La fin de la république française annonçait celle des gouvernemens formés sur son modèle par le directoire. La république cisalpine fut changée la première en royaume d’ltalie, et l'antique couronne de Fer des Lombards ; fut placée au commencement de 1805 sur la tête de Napoléon, déjà médiateur de la Suisse. L'armée, dont il semblait menacer l'Angleterre, était encore campée en 1805 sur la côte de Boulogne, lorsqu'il apprit que les Autrichiens , encouragés par les Russes, lui avaient déclaré la guerre, et pour premier acte d’hostilité envahissaient la Bavière, son alliée! L'empereur d'Allemagne n'avait pas vu sans dépit l'Italie passer sous le joug de la France et Gênes réunie sous la même domination. À peine remis des fatigues d’une guerre malheureuse, il voulut encore tenter la fortune. L’Angleterre, qui cherchait à détourner le coup dont on allait la frapper et à opérer une utile diversion , était loin de s’afliger de voir le Continent déchiré par de nouvelles guerres. Paul Ier, devenu ladmirateur passionné de Napoléon, avait été arraché du trône par un événement dont le mystère n’est pas encore bien éclairci, et le génie britannique, qui avait présidé à cette catastrophe, dominait dans les conseils de son successeur, Une nouvelle ligue fut donc formée; elle fournit à Na-