Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

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de Montesquiou, d'ouvrir avec le Premier Consul une négociation analogue. [ls exprimaient l'avis qu'il serait opportun que le comte d'Artois écrivit directement à Bonaparte. Ils lui avaient même envoyé en minute le début de la lettre à écrire. On pouvait en attendre de bons effets si le prince, en la complétant, savait y flatter l’orgueil et les ambitions du prestigieux personnage auquel elle était destinée.

« Monsieur le général, y était-il dit, un grand homme ne se laisse pas gagner; mais, un grand homme peut se laisser convaincre. Ce n’est pas un prince ne consultant que son intérêt qui vous écrit; c’est un Français, c’est un soldat qui ne cesse de faire des vœux pour sa patrie. Général, que de maux ont affligé la France! que de maux peuvent l’affliger encore! son bonheur cependant ne dépend que de vous. Que Bonaparte s'arrête à cette douce idée et qu'il voie, à côté de sa gloire acquise, toute celle qu'il peut encore acquérir. Général, que vous deveniez usurpateur, vous avez tout fait pour vous, rien pour la paix du monde, et la postérité ne voit plus en vous qu’un illustre ambitieux qu’elle condamne. Que vous consen-

tiez à partager le pouvoir avec des hommes qui ne