Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

54 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

de la police qu'il y rencontre et qui, probablement, le tient quelque peu en suspicion, ne peut croire, quand il cause avec lui, qu’il cause avec un conspirateur dangereux. Il peut d'autant moins le croire que Coigny est traité en ami par Mme Bonaparte et qu'il entretient des relations cordiales avec le général Morand, commandant la place de Paris.

Sorti des rangs de l’ancienne armée, ce brillant soldat avait conquis tous ses grades à la pointe de l'épée. IL s’efforçait de rester à l'écart des coteries politiques, et toute sa conduite témoignait de son admiration pour le premier Consul. Mais, quoique ses allures fussent celles d’un enfant du peuple, il n’oubliait pas qu'il était d’origine aristocratique et que son enfance s'était écoulée entre les murs d’un château, propriété de son père, Jérôme de Morand. On doit supposer que ce souvenir avait contribué à le rapprocher de Coigny. Chez Mme Bonaparte, où sa conduite en brumaire, à laquelle il devait d’avoir été appelé au poste qu'il occupait, lui avait valu ses grandes et petites entrées, Morand frayait avec le chevalier, pour qui ces rapports constituaient une protection

et qui cachait si bien ses visées que, volontiers, on