Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMPLOT COIGNY-HYDE DE NEUVILLE. 61

A cette époque paraissaient, à tout instant, des libelles contre le Premier Consul. Des subalternes, affiliés aux partis d'opposition, aidaient à les répandre. Il venait d'en être publié un intitulé : Les adieux de Bonaparte. Un écrivain royaliste, Michaud, en était l’auteur; mais il ne l’avait pas signé, et la police, qui cherchait à en entraver la propagande, cherchait également à savoir par qui il avait été écrit.

Une dénonciation anonyme, comme il s’en produisait souvent alors, fixa son attention sur l'abbé Godard, l’un des secrétaires du Comité Coigny; il fut mis en surveillance. En dépit de son esprit et de ses sentiments d'honneur, l’abbé était en affaires « d’une incroyable légèreté », avoue Hyde de Neuville, qui cependant l’employait; il se laissa surprendre à son insu, distribuant dans la rue des exemplaires de la brochure. Au lieu de : l'arrêter, l’espion attaché à ses pas le suivit; il le vit entrer dans la maison qu'habitait la veuve Mercier, à laquelle, nous l'avons dit, était confié le dépôt des papiers du Comité.

De condition modeste, cette femme vivait seule avec une servante dans un petit appartement. Elle était connue de l'abbé Godard, à qui la