Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

78 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

« Je vous donne ma parole; elle vaut dix gendarmes. »

Mercié partit; il s’écoula près d’une heure avant qu'il ne revint. Dans la salle où était resté De La Rue se trouvaient trois gendarmes, le brigadier Moisy avec eux, Mme De La Rue, consternée et en larmes malgré les efforts de son mari pour la consoler; Mme Hyde de Neuville, en possession de toute sa présence d'esprit, et les serviteurs de la maison, hommes et femmes, en tout une douzaine de personnes. D’après la version très vraisemblable de la famille, Mme Hyde de Neuville, pour faire prendre patience aux gendarmes, leur aurait offert de s'asseoir à la table qu’elle et ses enfants venaient de quitter, leur souper à peine commencé. C’est une circonstance dont le brigadier ne se vante pas. Il dit seulement que, lassé d'attendre, il envoya son camarade Paillard audevant de l'officier de paix Mercié pour le presser de revenir. Mercié et Paillard arrivent bientôt; on les entend entrer dans la cour du château.

« C’est le moment, dit alors Moisy à De La Rue. »

Le prisonnier, résigné en apparence, prie sa femme de lui donner son manteau. En même