Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

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un avis positif. Néanmoins, tous les hommes, et notamment le général Morand, inclinaient à penser qu'il devait accepter la proposition. Seules, Mme de Coigny et sa fille, Mme de Durfort, déconseillaient ce parti qu'elles regardaient comme très dangereux. « Alors, continue le rapport Gallard, M. de Coïgny, ne consultant que son cœur sur l’inviolabilité des lois de l'honneur, ne prit conseil que de lui.

Muni d’un sauf-conduit que lui avait délivré le général Morand, il rentra dans sa maison et, de là, se rendit chez le ministre. Mme de Coignyÿ avait voulu l’accompagner et l’attendre en voiture à la porte du ministère. Fouché le reçut très poliment, et d’abord affecta de ne lui parler « que de choses peu essentielles ». Puis, abordant l’objet de la visite, il continua :

« Vous étiez l'ami du roi; vous êtes celui des princes, et votre fidélité ne vous rend que plus estimable.

— La reconnaissance est le premier des devoirs, citoyen ministre, répondit Coigny. J'ai vécu comblé des bontés du feu roi, de celles de sa famille. Je finirai ma carrière en ne cessant de faire des vœux pour sa prospérité.