Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMPLOT. COIGNY-HYDE DE NEUVILLE. 85

— C'est donc pour cela que vous êtes maintenant chargé des affaires des princes ? demanda Fouché. Vous êtes le premier ministre à Paris et vous y avez trois mille hommes soldés sous vos ordres. » «

Coigny joua la surprise :

« Vous avouerez, citoyen, que, pour un premier ministre, je menais une vie bien sédentaire. Et mes bureaux, mes employés, tout ce qui est la suite indispensable d’une telle place qui, vous ne l'ignorez pas, donne de la besogne, où les placezvous? Quant aux trois mille hommes, Vous avez l'air, permettez-moi de vous le dire, de quêter un compliment, car vous savez trop bien votre métier pour croire à leur existence.

Loin de paraître convaincu, Fouché insista. La conversation, cessant d’être purement bienveillante, affecta la forme d’un interrogatoire :

« Nous savons cependant, dit-il, qu’on vous a proposé des horreurs. Il est vrai que vous les avez rejetées. Vous avez même mandé aux princes qu'ils n'avaient d'autre moyen que de faire un lit de roses à Bonaparte. Il le sait; il en est reconnaissant. Vous voyez ma franchise. Soyez de même, je voudrais des renseignements. »