Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMPLOT COIGNY-HYDE DE NEUVILLE. 89

que M. de Coigny doit son salut; elle électrisait tout le monde. »

Ce récit n’exagère pas en nous montrant Bonaparte impitoyable. A la nouvelle de l'arrestation de Coigny, il s'était écrié : j

« Une commission militaire dans les vingtquatre heures. » Et comme on lui objectait l’indignité des moyens employés par Fouché dans cette circonstance, il avait ajouté : « En politique, tous les moyens sont bons! »

Il semblait donc que le malheureux Coigny ne pouvait compter sur sa clémence. Telle était en ce moment sa colère que le général Morand, dont cependant il prisait au plus haut degré les services, fut l'objet de sa sévérité. Non seulement, il le blâäma de s'être intéressé à Coigny et d’avoir secondé les efforts de Joséphine en faveur de ce « complice des brigands », mais, encore, il lui fit sentir sa disgrâce en lui enlevant, quelques jours plus tard, le commandement de la place de Paris et en l'envoyant, au même titre, à Alexandrie, en Piémont, poste misérable que n’avait pas mérité l’admirable soldat, à qui ceux qu’il commandait témoignaient leur affectueuse estime en le surnommant notre père Morand.