Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

90 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

Cette disgrâce, il est vrai, fut de courte durée. Morand avait des amis fidèles, et notamment le général Lefebvre. Ils ne l'abandonnèrent pas. Bientôt après, ils obtenaient pour lui le commandement de la Corse. A peine est-il nécessaire de rappeler la fin glorieuse par laquelle le général Morand prouva qu'il était digne de la faveur que ne tarda pas à lui rendre Bonaparte. A la fin de 1811, étant ministre de France en Bavière, il fut nommé gouverneur général de la Poméranie suédoise. Au mois de mars 1812, après les désastres de Russie, il tenta de rejoindre Davout à Hambourg. Il parvint à traverser l'Elbe. Mais, cerné de tous côtés par les Russes, il dut s’enfermer dans Lunebourg. Là, s'impatientant de son oisiveté, il voulut, à la tête de ses troupes, s'ouvrir un passage. Au cours de cette sortie, un boulet lui traversa le ventre. Il laissait deux fils. L'un fut tué pendant la campagne de Morée; l’autre, colonel de cavalerie, mourut en 1852. Les deux gendres de Morand, généraux de Montbrun et Sibuet, périrent comme lui sur les champs de bataille de l’'Empire. A l’honneur de sa mémoire, il convient d'ajouter que la disgrâce passagère dont il fut frappé en