Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

L jo

la paix publique. L'ignorance éternise les malentendus , beaucoup de Genevois sont mal instruits de leur histoire ; qu’ils la lisent et ils rendront justice à leurs anciens Gouvernements; et ils verront lequel, du pouvoir aristocratique ou du pouvoir démocratique, se montra tyrannique, impitoyable et déprédateur.

Dans l'intérêt de leur parti, les démocrates d'aujourd'hui ne manquent jamais d'établir une complète assimilation entre les conservateurs actuels, et l'aristocratie des siècles précédents. Quoique l'analogie soit contestable sur bien des points, il n'en est pas moins vrai qu'aujourd'hui comme alors, le monde se partage entre deux partis qui sont, an fond, toujours les mêmes et toujours en présence. Il n’y a donc aucune injustice d’assimiler les radicaux actuels aux démocrates d'il y a 50 ans. Le moindre examen des principes, la moindre connaissance du personnel, montrent toute l’analogie qu'il y a entre eux. C’est toujours la même collection des hommes violents, de ceux qui ont échoué dans leur carrière, dévoré leur patrimoine, et qui cherchent des ressources dans l'exploitation des troubles publics, Ce sont toujours ces mêmes prétentions d'être les amis du peuple, de parler au nom de la nation, de réclamer ses droits, de lui rapporter tous les pouvoirs, d'être ses mandataires, ses serviteurs. Ce sont toujours les même déclamations contre les ennemis du peuple, contre ceux qui boivent ses sueurs, qui l’exploitent, qui insultent à sa misère, qui se plongent dans les voluptés sans égard à ses souffrances. C’est toujours le même pathos de vertus, surtout de vertus publiques, car des vertus privées on n'en parle guère ; {toujours le même écho répéte les mots sonores de liberté, d'égalité et de fraternité. Comme jadis, ce parti lance l’insulte et la menace à quiconque se permet d’user des libertés qu'il a lui-même proclamées, de revendiquer des droits promis à tous, du moment que ces libertés et ces droits ne jouent pas à son profit exclusif; comme jadis, ce parti a d’ignobles pamphlétaires tout prêts à servir les passions d'ignobles lecteurs. Comme jadis, il ne fait rien

sans argent et cette säle cupidité il l'appelle patriotisme, et il la colore