Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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découverts dans les archives par l'infatigable chancelier ; vraie réclame de librairie, car il n’y a rien à découvrir dans une histoire connue depuis longtemps dans tous ses détails. Bien plus, ces excellents démocrates ont eu l’idée d'annoncer leur factum au public par une affiche gigantesque placardée sur tous les murs et accompagnée d'une vignette à effet, destinée à soulever l’indignation contre les conserva teurs et surtout à émotionner les citoyens, à les faire voter pour les meneurs radicaux, et à maintenir ceux-ci dans leurs emplois par la crainte d’une réaction qui serait inévitablement accompagnée de persécutions et de supplices. La vignette représente donc un magistrat de l’ancien régime, à grande perruque, qui, d’un air stupide et impassible, fait fusiller sous ses yeux un citoyen, auquel on a donné la figure la plus noble et qui met la main sur son cœur pour attester qu'il donne sa vie pour ses concitoyens. Tout à côté, un autre malheureux est enchainé, et la hache du bourreau se lève sur sa tête. Telle est l’image dont, avec l'autorisation du gouvernement, les murs de Genève ont été couverts pendant longtemps. Une légende l’accompagnait appelant les rancunes des citoyens contre l'aristocratie passée et présente, ce qui veut dire les conservateurs, gens très-sanguinaires, très-violents dans leurs procédés, comme nul n'ignore, quand au contraire les démocrates de tous temps et de tous pays se sont montrés des modèles de douceur, de justice et d'humanité.

Loin de nous l’idée d’imiter ce malheureux exemple ! mais plus loin de nous encore l’idée de laisser sans réponse des accusations odieuses contre la moitié de la nation genevoise, contre ses ancêtres, contre la Genève prospère et glorieuse qu’ils nous ont laissée après trois siècles d’un Gouvernement irréprochable ! Raconter ce qu'a fait la démocratie pendant son règne aussi court que funeste, sera la plus éloquente réponse. Nous croyons donc faire une œuvre de haute moralité et non lancer un brandon incendiaire : nous croyons faire un acte pacificateur et non pas dresser un acte d'accusation ; nous voulons faire

cesser des récriminations incompatibles dans un aussi petit pays avec