Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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plus de suite et de travail à abattre la démocratie dans Genève, qu'il n’en mettait, à la même époque, à la faire triompher en Amérique. Vous savez enfin que, toutes ses intrigues intérieures ayant échoué, il fit marcher contre nous des bataillons français, dont quelques-uns avaient combattu sous les drapeaux américains ; que ces soldats entrèrent dans notre ville; qu'ils en exilèrent les principaux défenseurs de notre constilution fondamentale, et qu'ils établirent sur ses ruines, non point précisément une aristocratie héréditaire, mais un gouvernement armé de forces étrangères, suffisantes pour assurer son règne contre le vœu bien connu de la majorité des Genevois.

Un gouvernement pareil ne pouvait, sans doute, avoir de durée que celle du ministre français qui l'avait imposé. Aussi, à peine le comte de Vergennes eut-il expiré. que les magistrats même, dont il avait cru servir les passions, s'empressèrent de renverser son ouvrage. Au milieu de l’allégresse la plus vive et la plus universelle, notre constitution fut rétablie sur toutes ses bases républicaines ; ses défenseurs furent rappelés et réintégrés; et, par un accord presque unanime, tous les incidents du long procès politique qui s'était élevé entre le peuple et les corps administratifs, furent définitivement jugés en faveur du premier.

Cette heureuse résurrection de la liberté, commencée en 1789 et consolidée en 1791, présente, sous plusieurs rapports, une des époques les plus brillantes de notre histoire. Les cœurs étaient réconciliés, et tous les principes se trouvaient à l'unisson; le commerce, les ma. nufactures florissaient ; et notre académie, cette veine