Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
1206 —
pour l’abandonner ensuite entre les mains de ceux qui dès longtemps méditaient sa ruine.
La conduite des chefs de ces soi-disant Montagnards, était profondément ténébreuse; on les suspectait, on les nommait ; mais tel est le malheur des Peuples qui sont trahis par ceux qui arborent le pavillon de leurs défenseurs, que c’est pour ces derniers une sauvegarde funeste au bonheur de tous.
Un motif mettait ces conjurateurs à l’abri des dangers que doivent naturellement courir les ennemis de la chose publique : le voici. Une Maison respectable pour tous les Genevois, l'Hôtel de la Légation Française, recelait ces individus; un ex-Prêtre Romain, chargé par sa Nation de concilier les intérêts des deux Peuples, abusait de son caractère publie pour tromper le Gouvernement Français, pour nuire au Gouvernement Genevois, pour diviser les Patriotes, enfin pour agiter en tous sens le Peuple de Genève. La direction et la protection évidentes que Jean-Louis Soulavie donnait aux conspirateurs, ne pouvaient être de longue durée. Respecté comme Représentant de la République Française auprès de celle de Genève, il ne devait l’être lorsqu'il quittait ce caractère sacré pour agir en intrigant, en fourbe, en calomniateur; la connaissance de ces faits ne pouvait manquer d’être mise tôt ou tard au grand jour ; ainsi la République Française, qui nous offre généreusement bienveillance et fraternité, en gage de son alliance, ne peut laisser subsister longtemps au milieu de nous un Ambassadeur qui agit au contraire des intentions de la Convention Nationale, et cette dernière ne tardera pas sans doute d’en faire justice.
L'on peut attribuer à cet homme et à quelques-uns des chefs des Montagnards, dont deux d’entreux sont actuellement à Paris (Jaques Grenus, homme de loi, et Zacharie Goëringuer, horloger), les fausses idées qu’une partie des Français a eues pendant longtemps sur les Genevois : un système calomnieux était mis fréquemment en activité de Genève à toutes les Municipalités, Districts et Communes voisines, et se propageait par suite à Paris et dans quelques villes de France. Un nombre infini