Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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de suppositions, de conjectures était porté chez nos voisins, les actions les plus convenables de notre Gouvernement étaient aussitôt perverties ; les mensonges, les calomnies sur les Genevois abreuvaient Carouge, Fernex, Gex, Chêne, Chambéry et autres villes ; l’on voyait clairement que la majeure partie de ces choses provenait d’un homme qui abusait de l’influence de son Ministère, et que quelques-uns des Montagnards avaient aussi une part très-active dans cette trame. Soulavie s'était dès longtemps entouré d’une partie des Montagnards ; il en recevait des visites fréquentes; des entretiens nocturnes et prolongés étaient souvent réitérés ; il cherchait à influencer leurs démarches et leurs délibérations : dans ce dessein, il avait fourni à lun d’eux nommé Gerthon, une motion écrite, laquelle présentait le but précis d'établir des relations politiques directes entre Soulavie et la Société des Montagnards ; ainsi s’ourdissait une trame perfide qui devait conduire la République Genevoise à sa ruine. Un tel état de choses devait enfin cesser d'exister, les traîtres en provoquèrent eux-mêmes l'effet. JeanLouis Soulavie communiqua le 20 Août à Jean-Philippe Conte un libelle, intitulé Mémoire sur Genève et la France, où l’on récapitule des faits propres à exciter, s’ils étaient fondés, l’indignation et l’animadversion de la République Française contre la République de Genève, dans lequel la calomnie et la perfidie sont à leur comble, et où lon rapporte avec adresse des faits passés sous le Gouvernement des Magnifiques, qui peuvent être vrais, afin de donner la même couleur aux faits rapportés sous les Gouvernements Provisoire, Constitutionnel et Révolutionnaire, lesquels seront incessamment et publiquement réfutés, Enfin les auteurs de ce Mémoire ont juré la perte des Genevois,

Ce Mémoire fut lu le 21 chez Conte à deux Montagnards sous le sceau du plus profond secret; le lendemain il repassa entre les mains de Soulavie qui chargea Corte de le réclamer de Witel : en effet, le 22 Soulavie l'envoya À Witel, ce dernier le remit à Conte en qualité de Président des Montagnards, qui

le placa dans les papiers de la Société où il a été saisi.