Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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Le général Hoche, qui était venu de la Bretagne à Paris et qui affectionnait Rouget de Lisle, le recommanda au Directoire et voulut se l’attacher. Rouget le fit sentir dans une lettre à Carnot à la date du 28 ventôse an V.

« Citoyen directeur,

«Les mesures de rigueur que vous n’avez cessé de susciter contre moi, dans un temps où, après m'avoir jeté dans les cachots, elles compromettaient non seulement mon existence, mais encore l'existence, ou du moins la liberté de ma famille entière ; l’ardeur que dans toutes les occasions vous avez mise à éloigner ce qui pouvait m'être utile ou agréable, et à provoquer ce qui pouvait me nuire, n’ont dû me paraître que le résultat d’une animosité personnelle.

« Des services trop marquants, une conduite trop loyale, trop énergique, trop soutenue, parlaient en ma faveur, pour que j’eusse rien de semblable à redouter du magistrat impassible qui n’eût consulté que la justice et, j'ose le dire, l'intérêt public.

« Le ministre de la guerre fera incessamment au Directoire le rapport qui me concerne.

« Peut-être serait-il à désirer que ma franchise eût excité la vôtre et que vous eussiez apprécié le motif qui m'a fait vous donner l'initiative sur cet objet.

«Quoi qu’il en soit, lorsqu'il s’agira de prononeer sur le rapport en question, veuillez observer, citoyen directeur, que ce n’est point à titre de musicien ou de poète que le général Hoche désire m'avoir auprès de lui; que si mon goût pour les beaux-arts, vivifié par le saint amour de la patrie et de la liberté, n’a point été infructueux pour elle, il est en moi d’autres sentiments, d’autres moyens que j'ai su de même diriger vers leur utilité; qu’en témoignage de ce que j’avance je puis rappeler Namur,