Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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Rouget de Lisle n’a jamais eu de demeure fixe ni d'installation de longue durée, hormis à Montaigu. On le suit pas à pas par les adresses des lettres qu’on lui envoyait. À l’époque où nous sommes il habitait, 5, place Vendôme. Ce détail nous vient de sa correspondance avec J.-G. Lacuée, conseiller d’État, auprès duquel il avait fait des démarches pour mettre le premier consul au courant de toutes les intrigues intéressées ourdies par Goisson dans une question de pot-de-vin dont nous avons dit un mot à propos de M" Bonaparte.

Tout fait supposer que Rouget ne donna jamais les détails compromettants dont il voulait révéler les turpitudes dans l’administration des fournitures de l’armée.

Bonaparte finit par ne plus l'entendre et ce qu’il y eut de plus fâcheux, c’est qu’il ne fit rien pour Rouget. Aussi ce dernier lui adressa-t-il une lettre explicative sur les motifs qui le déterminaient à passer en Angleterre.

€ Citoyen premier consul,

« Frustré de toute perspective dans ma patrie, j'ai naturellement tourné mes regards vers l’étranger et je suis à la veille de passer en Angleterre si les actions et les principes dont je m’honore me permettent d'espérer une hospitalité honorable.

& Avant de partir, je dois ôter à la malveillance un prétexte qu’elle aurait au besoin pour empoisonner les motifs de mon voyage et peut-être pour entraver mon retour en France où différents intérêts peuvent me rappeler d’un moment à l’autre, où mes vœux Les plus chers me rappelleront sans cesse.

€ Veuillez, citoyen consul, recevoir ma parole :

€ Que pendant mon séjour à Londres je ne prendrai aucune part dans les discussions des journalistes ou pamphlétaires, soit nalionaux, soit étrangers, sur ce