Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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qui concerne le gouvernement et les circonstances générales ou particulières de mon Pays; et que toute imputation contraire sera dictée par la calomnie.

€ Il m'importerait d'obtenir un témoignage de votre assentiment à ma déportation volontaire.

€ Je n’ai plus à le prétendre de votre bienveillance, je le réclame de votre générosité.

« Salut et respect,

€ J. RouGET DE Lisux.

« Rue des Champs-Élysées, n° 9. »

Les relations, comme on le voit, s'étaient refroidies entre Rouget de Lisle et Bonaparte au lieu de se réchauffer, Aussi, quand il voulut se faire nommer empereur, s’explique-t-on parfaitement l’audacieuse lettre que Rouget lui adressa.

Il restait done en France et rien ne confirme la réalisation de son projet de voyage en Angleterre.

Les affaires publiques prenaient une tournure sombre, la guerre était en perspective surtout avec l’Angleterre. Au camp de Boulogne on méditait un nouveau projet de descente dans cette île; on parlait d’une révolution qui se tramait dans l’ombre pour mettre le Sceptre impérial aux mains de Bonaparte.

Rouget, toujours fidèle à ses principes de droiture et de loyauté, ne put rester insensible à ces bruits, malheureusement trop bien fondés. À là date du 19 pluviôse an XIT (8 février 1803), il adressa à Bonaparte la lettre courageuse qué nous reproduisons :

€ Gitoyen premier consul, € Je croyais n’avoir désormais qu’à végéter et à me taire.