Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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rangerai avec mes ressources. Ne vous tourmentez donc pas si vous n’avez que peu ou rien à m'envoyer, et croyez que je saurai toujours à quoi m'en tenir sur votre bonne volonté et votre amitié.

« Je vous embrasse sans façon, « FANNY TERRAY. D 10 mars 1835. L'adresse porte: « Monsieur, « Monsieur Rouget de Lisle, «Maison Voïart, « Choisy-le-Roï ».

La lettre, mise à la poste le 21 mars, arrivait le même jour à son adresse.

Rouget de Lisle réponditimmédiatement à la demande, car une nouvelle lettre de M* Fanny Terray,à la date du 43 mars, se termine ainsi: € Adieu, mon ancien et bon ami, mille amitiés et mille remerciments. » Enfin, à la date du 20 mars, M" Fanny Terray précise la somme qu’elle reçoit. Elle semble considérable si on songe à la pension relativement modeste de Rouget de Lisle. Il faut croire néanmoins qu'il faisait des économies.

« J'ai reçu vos cinquante francs, mon cher ancien, et je vous en remercie de nouveau. Il en faudrait davantage (ceci soit dit sans vous décourager) pour me rendre belle, charmante et séduisante. Mais la somme, telle qu’elle est, m’est fort utile et fort agréable. Je voudrais avoir un petit morceau du prix Montyon, je voudrais r’avoir ma pension de la liste civile ailleurs, mais j'ai grand’peur que mes visites de sollicitation n’y servent guère. La volonté de Dieu soit faite. Je m'ennuie tant de moi, que j'espère n’y plus penser du tout avant peu.

« Bonjour, mon cher ancien ami, je vous embrasse,

& FANNY TERRAY. »