Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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avait demandé à Rouget de Lisle des notes pour sa biographie.

A la date du 24 avril 1817, Rouget témoigne à la fois et d’une réelle modestie et d’une estime sincère pour son frère. Nous reproduisons cette lettre.

Montaigu, 24 avril 1817. « Monsieur,

« Lorsque vous eûtes la bonté de me faire demander, par notre ami Dusillet, des matériaux pour la notice que vous aviez le projet d'insérer sur mon compte dans la nouvelle biographie, j'hésitai quelque temps, et fus définitivement retenu, d’une part, par cet embarras qu’on éprouve à parler de soi; de l’autre, par le sentiment très intime du peu d'importance dont mon article devait être dans l’ouvrage en question.

« Ces jours derniers, le hasard m’ayant fait tomber entre les mains un volume de la première biographie, je n’ai pas été peu surpris d'y trouver mon nom, et mon nom affublé d’une note si insignifiante, si mensongère, que je ne laisse pas d’être fort désappointé de voir les bêtises et les mensonges qu’elle contient au risque de se propager dans le nouvel ouvrage, faute d’avoir profité de votre obligeance.

« Veuillez donc, monsieur, me mander s’il est encore temps, et s’il peut vous être agréable que je vous adresse les notes que vous désiràtes jadis sur mon chétif individu, notes qui, certes, ne fourniront pas matière à un article intéressant, mais qui, du moins, seront conformes à la vérité.

€ Il est une autre proposition du mème genre que je hasarde avec plus de confiance parce qu’elle concerne un personnage plus marquant et plus propre à figurer dans l’ouvrage auquel vous prètez votre plume.

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