Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

9

« reur, c’est, etc., ete., ete. » — Voilà ce que le jeune « Barbier vint me conter tout chaud, en riant comme un « fou. Puis il ajouta : — « Or savez-vous, vous-même, ce € que c’est que M. le chevalier de Port de Guy? un « misérable impliqué dans l'affaire de l'assassinat du « général Ramel, à Nismes, et, comme tel, traduit en Ç jugement devant la cour prévôtale de Pau, où, comme « de raison il a été innocenté, par contumare.

« Mais il n’en est pas moins vrai, continua le jeune « homme, que sa culpabilité résulte évidemment du « mémoire prétendu justificatif qu'il a fait imprimer à « ce sujet, et dont je puis juger compétemment, car il ç m'en a fait cadeau. »

« Vous sentez, mon ami, que je n’ai eu que deux partis à prendre : le premier, de résister à la démangeaison de chasser M. le chevalier lui-même à grands coups de pied dans le ventre; le second, malgré les instances obligeantes de M. Barbier, de faire des visites très rares à la bibliothèque, de peur d’exposer ces honnêtes gens à quelques-unes de ces délations si communes aujourd’hui de la part de certaine canaille, et qui pourraient être si funestes à ceux qui en seraient l’objet. — Quelle existence que la mienne, mon bon Charles! à quoi songiezvous en vous occupant de m’attirer à Besançon? Oserai-je vous y voir, me présenter à votre bibliothèque, sans crainte d'y rencontrer quelque chevalier de Port de Guy qu’il faille assommer pour l’empêcher de vous dénoncer! Ces idées ajoutent un poids insupportable à la mélancolie qui me tue... »

Dans tous ses déboires, ses déceptions, Rouget n’a que la conscience qui lui reste. « Au point où en sont les « choses, dit-il (décembre 1819), je n’ai qu’une consola« tion, celle de ne devoir aucune reconnaissance aux