Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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vait s'attendre à ce qu’elle fût conservée et reproduite un jour. Eh bien, elle montre la grande honnêteté du cœur de celui qui l’écrivait.

On peut dire qu'il avait poussé à l'excès le sentiment de la délicatesse. Il aurait fallu qu'il fût deviné par les personnes qui V'utilisaient. Charles Weiss avait ménagé une entrevue à Rouget de Lisle avec M. Human, financier et organisateur d'entreprises.

A peine si Rouget osait se présenter devant lui. Lisons ce passage qu'il écrit à son ami sur sa présentation, lettre datée du 20 février 4821 et écrite de l’hôtel du Brésil, rue Notre-Dame-des-Viçtoires :

« Quant à M. Human, ce n’est qu'avec bien de la peine « et après de longues hésitations que je pris bien sur « moi de me présenter chez lui. Vous le concevrez de « reste, mon bon Charles, si vous réfléchissez à la posi« tion dans laquelle je me suis offert à sa connaissance, « et combien il m'était pénible de penser qu’il la con« naissait, qu'il pouvait w’attribuer ma démarche qu’à « des motifs intéressés et ne me regarder, moi, que « comme un de ces nécessiteux de profession, qui ne « s’approchent des gens riches que pour les importuner, « les mettre à contribution, etc. Aussi puis-je vous « assurer que j'éprouvai rarement d'émotion plus vive « que celle qui m’agitait lorsque j'ai franchi le seuil de « sa porte, et il fallait qu’elle tint à un sentiment bien « profond puisqu'il n’a pu être modifié par tout ce que « vous m’aviez dit préalablement de cetexcellent homme et par toute ma confiance en vos paroles. « Enfin j'ai vu M. Human; mes yeux et mon esprit ont constaté la ressemblance et la vérité du portrait « que vous m'en avez tracé, et sa connaissance est un nouveau litre que vous vous êtes acquis à ma gratitude.

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