Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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de créer des canaux et des routes, on sentait que ces dépenses étaient bien plus utiles à l'humanité que la fabrication des appareils de ruine et de destruction qui s'imposent aujourd’hui à nos budgets, menacés que nous sommes nous, nation républicaine, par les rois conjurés contre les libertés et le bonheur des peuples.

Aux projets de M. Humann s'était associé un grand homme à peu près ruiné alors, le due de Saint-Simon, qui fut, pendant quelque temps, un bienfaiteur pour Rouget de Lisle. M. le due de Saint-Simon, avec ses idées grandioses, voulait passionner son monde; Béranger a dit de lui dans sa chanson Les Fous :

« J'ai vu Saint-Simon le prophète, Riche d’abord, puis endetté,

Qui des fondements jusqu’au faite Refaisait la société.

Plein de son œuvre commencée, Vieux, pour elle il tendait la main, Sûr qu’il embrassait la pensée

Qui doit sauver le genre humain. »

Le due de Saint-Simon voulait faire de Rouget de Lisle le Poète de l'Industrie. Il lui demande un chant des Industriels.

Rouget de Lisle s’exécuta et fit, pour la circonstance, le Chant des Industriels. Il parut dans une brochure qui fut publiée en 1821. Trois éditions de cette brochure furent épuisées en huit jours. Nous retrouvons ce chant dans le recueil que publia Rouget de Lisle, en 1895, sous le titre 48 Chants français.

Nous reproduisons ici ce chant pacifique. Rouget écrivit tout, paroles et musique avec refrain à trois voix.