Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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lettre et gardez-la pour vous seul. Il est inutile de divulguer, et mes ignobles tribulations, et leur triste résultat. Je vous réitère la promesse de vous écrire, quelque parti que je prenne.

« RouGET DE LISLE. »

Enfin nous touchons au terme de la correspondance de Rouget de Lisle avec Charles Weiss et nous allons publier la dernière lettre que nous possédions. Elle montre bien la détermination prise par notre barde, réduit à son découragement légitime parles misères et les contretemps qu'il eut à subir; heureusement que l’amitié des poètes Weiss et Béranger surtout sauvèrent leur affectionné confrère. Quelle leçon que cette existence ! quelle preuve que l'amour de la vérité est souvent, dans la vie politique, non seulement un obstacle au bonheur de ceux qui n’en oublient jamais le miroiretleflambeau, mais encore un exemple de l’ingratitude humaine surtout dans le monde du pouvoir ! — Quelle conclusion tirer de là, sinon qu’il est du devoir de toul écrivain consciencieux de glorifier les noms des hommes malheureux ou persécutés et de flétrir ceux des parvenus oublieux de leur passé et des hommes vrais dont ils ont utilisé les services pour parvenir, sauf à les laisser de côté quand ils ont atteint leur but. L’ambition n’a pas de limite et pas de mesures; honneur aux cœurs généreux, flétrissure aux ingrats !

« Paris, 10 juillet 1823.

« Pauvre ami! combien ne me suis-je pas reproché l'inquiétude que naturellement a dù vous causer ma dernière lettre! Combien ne me la reprochai-je pas davantage depuis que le hasard m'a instruit de l’événement cruel que vous avez à déplorer pour votre compte! A