Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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qui, pendant ce temps-là, me laissait à Sainte-Pélagie dans la plus affreuse pénurie. € La pauvre Fanny (une amie dont il est souvent « question dans la correspondance), à ma requête, a € voulu prendre connaissance de l’état des choses. Mais € tout le résultat de ses bons offices a été de me donner € l’avant-goût de la plus triste réalité; si bien qu’en arrivant ici, je me suis trouvé sans un habit, sans une chemise autre que celle que j'avais sur le corps. Il à € fallu jouer des couteaux pour ravoir ce qui n’est pas € irrévocablement perdu. J’y suis parvenu ; mais, bon € dieu ! à quoi cela me réduit-il ?

€ Que faire? que devenir ?.. Un billet de Béranger € m'annonce qu’on s'occupe de moi, de mon avenir ; Mais qui? Mais dans quel sens ? € L’'incertitude fut toujours pour moi le plus cruel de € tous les maux, et je ne puis faire un pas, un mouve« ment qu’elle ne l’assiège, ni concevoir une idée, une « espérance qu’elle ne l’empoisonne. « Vous avez dû recevoir par la poste le dernier numéro de la Revue. Sinon, vous le recevrez par le pre« mier envoi de M. Labbe. Vous y trouverez l’article du € Corse qui s’est laissé mourir de faim dans les prisons « de Bastia. Sauf quelques modifications, peu s’en est € fallu que je lui servisse de pendant. € Macbeth entrera décidément en répétition au mois d'octobre... »

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Ainsi voilà Rouget de Lisle qui, aujourd’hui, à une statue à Lons-le-Saulnier, une statue à Choisy-le-Roy ; qui en aura une à Strasbourg le jour où cette ville redeviendra française, soit par une révolution sociale, soit par la force de nos armées; qui a un petit, mais touchant monument à Montaigu, voilà Rouget de Lisle qui a failli