Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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ouvrage, l’écoutait d’un bout à l’autre avec un intérêt

soutenu, et n’a manifesté jamais l'ombre d’improbation. Je me bornais à espérer une douzaine de représentations, ce qu'on m'assurait être le minimum de celles accordées aux pièces de cette nature. Qu’arrivet-il? Depuis vendredi, 13, Macbeth se trouve suspendu sans aucune raison plausible. Nous attribuons ce mécompte aux manœuvres avérées du dilettantisme. Mais à cette cause, Chélard m’apprit hier qu’il s’en joignait une autre. M. le vicomte de La Rochefoucault est menacé d’une disgrâce. Il a des ennemis; quel courtisan n’en à pas, surtout quand sa faveur décline! On a déterré à la Cour que j'étais l’auteur de Macbeth: on y fait un crime à M. le chargé des Arts d’avoir laissé jouer un ouvrage de l’auteur de l’Infâme Marseillaise, et vous devinez que ni l'ouvrage ni les auteurs n’ont pu résister à une considération pareille.

« Cet événement me jette dans le bourbier plus avant

que jamais. »

Au 1° août, dans une longue lettre, Rouget de Lisle

donne de nouveaux détails sur la représentation de Macbelh :

«

FAT AURA

« Quelles explications pourrais-je d’ailleurs vous donner sur Macbeth ? Is l'ont assassiné, déloyalement assassiné, comme lui-même assassine le pauvre Duncan, et, ce faisant, ils m'ont assassiné moi-même. C'était un bon poème, grâce à Shakespeare ; le public paraissait l’ apprécier, y prendre gré de plus en plus, et quoique, à beaucoup près, la musique ne fût pas ce qu’elle pouvait, ce qu’elle devait être, il pouvait fournir une assez honorable et assez avantageuse carrière. Mais pour celail eût fallu quece malheureux vicomte