Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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gérent de payer le prix du volume tout en le gardant en leur possession. Donc nouveaux embarras financiers, qui conduisirent, en 1826, Rouget de Lille à la prison de Sainte-Pélagie, sur la requête de M. Boudousquié, avocat à la cour royale de Paris. Nous rappelons ce fait déjà cité pour montrer quelle série de calamités s’enchaînaient, comme par fatalité, pour nuire au bonheur de Rouget, je dirais même à son existence.

Comme exemple de déceptions pénibles qui affligèrent Rouget, nous ne terminerons pas sans parler du Chant des Vengeances, qui fut représenté, ou plutôt chanté comme intermède, au théâtre de la République et des Arts, le 18 floréal an VI de la République, 7 maï 1798.

Le cadre et les paroles de cetintermède sont de Joseph Rouget de Lisle, la musique est de J. R. de Lisle et de Frédéric Eler. — Cet intermède se complique d’une pantomime qui a dû exiger une mise en scène trop onéreuse pour le résultat financier. L'administration du théâtre de la République et des Arts, où fut représenté l’intermède, présenta des comptes de dépense de 3,376 fr. 9C et une recette de 594 fr. 10, tous frais déduits. Rouget avait fait une avance de 600 francs, dans laquelle il eut de la peine à rentrer. Et il n’obtint pas même ses entrées au théâtre, comme cela se pratique entre auteur et administrations dramatiques. Ces détails, qui peuvent au premier abord sembler oiseux, confirment ce fait que le guignon, d’après une expression populaire, le suivait pas à pas et toujours.

Ce chant est fait contre l’Angleterre. A la scène VI, des jeunes filles dansent en s’accompagnant de leurs chants : l’Hymne à la Paix.