Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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« cueil est un monument précieux pour les amateurs et « qui ne peut manquer d'obtenir un succès de vogue. »

Le compte rendu fait dans le Courrier français n’est pas moins élogieux. Nous avons soumis à un critique musical de nos jours ce même recueil. On sait que la mode a sa place aussi dans les arts, et cette publication dont l'esprit a vieilli, n’en conserve pas moins un cachet de talent d’harmoniste. Sans être un recueil de chefs-d’œuvre, cette collection survivra et sera peut-être plus en vogue le jour où le goût nous ramènera aux harmonies simples et classiques plutôt qu'excentriques ou surchargées comme elles Le sont aujourd'hui.

Cette publication, faite après souscription, ne produisit pas un résultat financier bien avantageux à son auteur. Nous avons sous les yeux la note d’Ignace Pleyel et fils aîné qui furent les éditeurs. Elle se monte à 5,111 fr.15, sur lesquels Rouget avait avancé 2,294 francs, et au 25 janvier 1895 il restait débiteur de 2,817 fr. 15, somme qu'il aura-pu couvrir en plaçant les exemplaires du volume. Une partie servit à rembourser M. Ternaux, industriel, qui avait avancé 2,000 francs à Rouget. M. Ternaux alla jusqu'à demander 100 exemplaires à 25 francs, ce qui l’aurait plus que remboursé. Il le faisait par considération pour Rouget. L'éditeur et Rouget espéraient qu’en avril il faudrait en faire une seconde édition ; mais la politique et le parti royaliste outré s’en mêlèrent. La vente fut loin d’avoir l’activité nécessaire pour arriver à une deuxième édition. Une lettre de Rouget de Lisle à Talma, retiré alors à Bruxelles, explique cette situation, qui ne fit qu'aggraver les malheurs de l’auteur de la Marseillaise.

Un article de la Revue encyclopédique, très favorable et juste, n’augmenta pas le nombre des acquéreurs et, d'autre part, un certain nombre de souscripteurs négli-