Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

RP RREE UE PSE D = marne

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de l’Opéra. On j’entourait d’une pompe et d’un appareil inconnus aujourd’hui. L’autel de la Patrie occupait le milieu du théâtre; il était entouré de prêtres, de soldats, de femmes, de vieillards, de jeunes filles. Lays paraissait ensuite la tête ceinte de bandelettes sacrées; il faisait fumer l’encens sur l’autel et entonnait le chant martial. Quand il arrivait à ce cri : € Aux armes, citoyens! » il semblait qu'un coup électrique frappait l’assemblée qui s’unissait à l’acteur et répétait tout entière cet ordre, cette prière ou ce vœu. À cette strophe :

Amour sacré de la Patrie,

tout le monde se levait les bras étendus, la tête découverte ; on faisait répéter aux échos de la salle le mot magique de Liberté.

Quelques-uns se jetaient à genoux, les femmes émues sanglotaient et l'auditoire tout entier jurait que jamais l'ennemi ne souillerait le territoire. Get enthousiasme était réel, il ne tombait pas avec le rideau du théâtre. Sous le péristyle même, des commissaires étaient établis avec des listes d'engagements, et des milliers de personnes venaient donner leur nom et demander des armes pour courir à la frontière. L’acteur était pour beaucoup dans ces mouvements spontanés. C'était lui qui avait imaginé cette puissante mise en scène. C'était lui dont la voix ardente stigmatisait tous les soirs et vouait aux Furies les complices de Bouillé, tous les monstres qui sans pitié déchiraient le sein de leur mère.

Aujourd’hui, quand nous chantons la Marseillaise, nous ne pouvons pas, en général, comprendre comme alors tout ce que le nom de Bouillé avait d’odieux pour la nation et combien ce nom révoltait le sentiment patriotique .