Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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térêt à rappeler ici. A la suite d’une représentation, un jeune homme veut s'engager, sa mère s’y oppose. Le jeune homme va trouver Lays dans son cabinet et le prie de recevoir son engagement: € Partez, mon ami, lui dit Lays, courez à la frontière, rangez-vous sous le drapeau tricolore. Il est beau de mourir pour la patrie, pour la liberté. Songez que vous allez repousser le Prussien. » « Allez, enfant de la Patrie, le jour de gloire est arrivé. » L’hymneest repris avee ensemble, on écoute du dehors, on applaudit, on apprend la cause de la reprise de ce chant et tout d’un coup apparaît l'œil enflammé, les poings sur les hanches, la mère du conscrit, M Beuvron, qui vient protester encore.

Ses prolestations sont sans effet, le fils s'engage.

Plus tard, dans le moment le plus brillant de l'Empire, Lays est appelé à une soirée des Tuileries, non plus pour y chanter la Marseillaise que Napoléon voulait oublier. Un dame de la soirée, en beau turban lamé d’or. reconnait Lays et dit à sa voisine la maréchale Lefebvre: € C'est celui-là qui chante un peu bien /& Marseillaise. Ah! ah! je vous en réponds; il aurait fait partir pour Jemmapes les pavés de Paris s’il avait voulu. J'en sais quelque chose, moi! » |

« Taisez-vous done, dit la maréchale Lefebvre en donnant un coup d’éventail sur les doigts de la femme qui parlait ainsi, est-ce qu’on parle de Jemmapes ici ? En avant Marengo et Austerlitz. Du reste, laisons-nous toutes deux, voilà M. Lays qui va chanter. »

Lays ne chanta pas la Marseillaise, mais un morceau d’Œdipe Roi: «Divinités d'Athènes protectrices.…, etc.»

La voisine de la maréchale Lefebvre n’élait autre que M®° Beuvron, et son fils Jean Beuvron, tout galonné d’or, renouvela connaissance avec Lays. Il était alors chef d’escadron de la garde impériale.