Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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Les royalistes, comme le confirme l’histoire, commençaient alors à relever la tête. Les manifestations, faites d’abord par l'interprétation à rebours des chants patriotiques, quelques approbations du public, tout indiquait les manœuvres et les espoirs des partisans du régime détruit par la Convention : en messidor on voulut opposer à la Marseillaise le Réveil du Peuple au cri de : ÇA bas « les égorgeurs, les buveurs de sang et toute la horde « infernale des terroristes. » On reprochait dansles rangs des Muscadins au collet vert, noir et à cadenette, on reprochait à {a Marseillaise d’avoir été chantée pendant les massacres de septembre, comme si ce chant avait eu d’autre but que de stimuler l’amour de la patrie !

Pendant quelque temps on ne joua plus ni /a Marseillaise, ni le Réveil du Peuple à la garde montante. C’est alors que la Convention publia un décret dans le Bulletin des Lois en y faisant figurer {a Marseillaise et le Chœur à la Liberté, paroles de Voltaire. Il y aurait toute une épopée à faire dans cette lutte entre les deux chants. Rouget de Lisle n’y perdit rien desa réputation, et dans la séance du 9 thermidor an II (27 juillet 1795), son nom fut prononcé à la tribune d’une façon à leglorifier: « J'appelle l'intérêt et la justice du gouvernement (dit Fréron) sur l’auteur de l'hymne que vous venez d’entendre, sur Rouget de Lisle, qui sait également chanter la liberté et combattre pour elle. Ce nouveau Tyrtée n’a point quitté la tête des colonnes républicaines commandées par Hoche, il n’a point quitté les représentants du peuple, et n’ayant pas d'emploi dans nos armées, quoique officier du génie réintégré, c’est en volontaire qu’il a servi dans cette mémorable action.

« Il est blessé à la main d’un coup de mitraille; je redemande que le Comité de salut public s'occupe promplement des moyens de le récompenser en lui