Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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celte promesse : j’espère qu'il ne tardera pas maintenant à la remplir. Vous pouvez compter sur cet argent; letout est qu’il arrive promptement. »

La position de Rouget ne s’améliorait pas : il était toujours en quête d’une position et s’illusionnait toujours sur les moyens des’en créer une.

« Je ne vous vois plus, lui écrit Béranger, dans une lettre à la date du 15 décembre 1827, seriez-vous encore plein de ces chimères qui ne font qu’aggraver vos peines? Le moment n’est sans doute pas favorable pour vous prouver l’intérêt que je prends à votre triste situation, mais cet intérêt est toujours le même, et, je vous le répète, rien n’a pu tendre à le diminuer.

« Je vous dirai qu’il y a quelques jours, Viennet a parlé, chez M. Lafitte, d’une souscription qu’on voulait faire en votre faveur : il a eité Duval, entre autres, comme un de ceux à qui cette idée était venue. On m’a consulté à ce sujet et je n’ai pas laissé ignorer votre position. Que votre amour-propre ne s’alarme pas trop de tout cela. Il y à loin, malheureusement, de l’idée à l’exécution; mais je vous déclare que si la chose peut se faire, dût votre fierté en ètre blessée, je pousserai à la roue tant qu’il me sera possible.

€ Adieu, doutez moins de vos amis. »

Nous citons cette lettre tout entière parce qu’elle nous montre combien la position de Rouget devenait de plus en plus précaire, combien de personnes s’occupaient de lui et combien peu, en somme, on faisait effectivement pour lui, soit à cause de sa fierté qu’on ne voulait pas blesser, soit enfin à cause de cette mollesse si fréquente qu'on rencontre dans l’exécution d’une idée généreuse.