Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt
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beau comme un ange; il aura treize ans au mois de décembre. C'est une figure svelte, pleine de grâces, et son frère, qui a deux ans de moins, n'est pas si beau, mais sa physionomie annonce Letticowp 18% d'esprit. Plusieurs personnes se plaisent à retrouver en lui les caractères de Pierre [°*. Pour moi, je pense que s'il avait le caractère de ce grand homme ce ne serait pas un bien pour sa patrie. Au commencement de ce siècle et en Russie, il fallait cette tournure d'esprit pour faire ce qu'il a fait. Aujourd'hui, cela n'irait plus, et dans trente ans encore moins. Ainsi, Je crois qu'un prince doux et paisible, comme Alexandre promet de l'être, annonce Juste ce qu'il faudra pour le bonheur de la nation qui vivra sous ses lois. »
Encore une petite anecdote relative au confesseur de l’Impératrice. À la date du 8 avril 1786, Mie L. écrit que ce confesseur a perdu la raison. « Il croit avoir tous les jours des conférences avec Jésus-Christ et il a écrit une lettre à l’Impératrice pour lui en faire partet pour lui proposer de venir chez lui pour apprendre ce qu'elle peut faire encore pour assurer le bonheur de ses peuples, mais pas plus tard que le lendemain à six heures du matin, parce qu'à cette heure le Seigneur partait pour les pays étrangers, afin d'apprendre les langues française et allemande, n'ayant jusqu'alors parlé que le russe. » Mie L. ajoute : « C’est bien dommage, car ce prêtre était un homme fort sensé. »
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Désireuse de donner à sa Cour le plus grand lustre possible, il était naturel que l’Impératrice y attiràt des artistes et des hommes de lettres. Parmi les premiers, il faut nommer le célèbre compositeur italien Paisiello, qui passa huit ans à la cour de Russie. Mie L. raconte à son sujet l’anecdote suivante à la date du 2 décembre 1783 : « Paisiello quitte la Russie. L'Impératrice avait institué un comité pour diriger les spectacles et les concerts. Engagé par elle, Paisiello eut quelques observations à faire au comité. Ces messieurs sont accoutumés à traiter cavalièrement les artistes ; Paisiello leur répondit à l'italienne et les planta là. Le comité décida de le mettre aux arrêts. Son carrosse fut arrêté par la police. Il rentra au palais et se réfugia chez M. de Nicolaï, secrétaire du grand-duc, qui le fit conduire chez le ministre de Naples