Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt
SOUVENIRS DE RUSSIE 23
300 dames devaient lui être présentées et ce sera ainsi partout où l'on s'arrêtera. »
Le 9: « Le gouverneur de chaque gouvernement accompagne l’Impératrice jusqu'aux frontières. Celui de Pétersbourg la précédait dans une petite voiture russe, mais elle le suivait si vite qu'à peine avait-il le temps d'arriver pour lui présenter la main en descendant de voiture. Elle dit au gouverneur : « Nous sommes venus bien vite ; je tue ces pauvres postillons et je crois qu'ils seront bien aises d'être débarrassés de moi. » Entendant ce propos, l’un d'eux se retourna et dit : « Notre mère, comment n'avez-vous pas honte de dire cela ? C’est la première fois que nous avons le bonheur de vous conduire et vous croyez que nous sommes las ! Ordonnez que nous allions plus loin et nous vous porterons plutôt sur nos épaules quand nos chevaux ne pourront plus marcher. » L’'Impératrice, sensible à ce compliment, fit donner cent roubles au complimenteur. À Smolensko, une maison de bois brûla en sa présence. Elle n’était qu'à six maisons de celle où elle demeurait, mais le secours fut si bien dirigé qu'elle n'eut pas seulement besoin de quitter sa partie. Après, elle ordonna que la maison fût rebâtie en pierre, à ses frais. »
Le 31 mars : « On dit dans le public qu'on s'ennuie probablement à Kieff. On raconte qu'un jour, M. de Fitzherbert se trouvait chez l’Impératrice où il n'y avait que M! Prattenholf, sa dame d'honneur. Après avoir parlé de choses et d'autres, la conservation tomba. L'Anglais, qui est l’homme du monde le plus distrait, se promenait par la chambre sans rien dire, quand la demoiselle, pour réveiller la conversation, dit : « [l faut pourtant avouer qu'on s'amuse beaucoup plus à Kielf qu'on ne l’avait espéré. » Ce propos frappa le promeneur qui, s'étant arrêté tout court, lui répondit : « Eh! Mademoiselle, qui peut vous avoir dit cela ? » Alors l’Impératrice, faisant semblant de n'avoir rien entendu, se leva doucement et passa dans sa chambre pour leur laisser finir leur curieuse dispute. »
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À cette époque, le roi de Pologne était ce Stanislas 1I (Poniatowski) qui, étant ministre plénipotentiaire de Pologne à SaintPétersbourg. Jouissait des faveurs particulières de Catherine alors grande-duchesse, et qui, en 1764, fut nommé roi de Pologne par la