Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt
SOUVENIRS DE RUSSIE 45
Le 20 : « La fin de la campagne. approche. »
Le 25 : « Notre grande escadre est rentrée à Revel, hormis la division Trevanion qui croise toujours entre des rochers, non loin des côtes de la Suède, »
Le 9 novembre : « Le mauvais temps nous a encore fait perdre un vaisseau de ligne. Le capitaine Teizingen (?), anglais, ayant perdu tous ses agrès, n'a trouvé d'autre moyen d’empécher les Suédois de prendre son bâtiment que le vent chassait sur leurs côtes, que de le faire sauter en l'air après en avoir sauvé l'équipage et une partie des canons, sur deux navires marchands qu'il avait heureusement rencontrés et qu'il avait obligés de le suivre du moment qu'il se vit en danger, de sorte que cette campagne n’a pas été trop brillante pour nous. »
Il paraît qu'il n'y avait pas toujours de l'entente entre les chefs russes et qu'on se plaignait fort du prince de Nassau.
1790, 7 mars : « Tous nos guerriers se préparent pour voler à la gloire. Chacun n'aspire à rien de moins qu'à prendre le roi de Suède en personne. La campagne — c'était la troisième — s’ouvrira incessamment. Les gardes vont partir dans quinze jours. Toute espérance de paix est évanouie, à moins que la mort de l'empereur Joseph, dont on vient de recevoir la nouvelle, ne produise un changement dans le monde politique. »
La nouvelle de cette mort de Joseph IT causa beaucoup de chagrin à Saint-Pétersbourg. L'Impératrice perdait en lui un allié, Pendant dix semaines, la Cour devait porter le deuil.
Le 1% mai : « Qui se serait attendu que les gardes, qui ne marchaient jamais, seraient appelées à faire plusieurs campagnes de suite? Mais le comte de Bruce veut que tous ceux qui n'ont pas fait les deux campagnes précédentes fassent celle-ci, et à cela il n'y à pas un mot à répliquer. »
Le 4 : « Le général Soltikoff part cette nuit, et, avec lui, tous les Jeunes volontaires qui sont à sa suite. Nous venons de commencer la campagne par une perte sensible. Les Suédois s'étant emparés d'un poste fort avantageux, on a voulu les en débusquer. Le brave prince d’Anhalt-Bernbourg commandait l'attaque. Il fallait avancer par un chemin creux. Le major Baycoff, qui commandait le bataillon des gardes Preobrajinski, fut tué à l'instant. Le désordre se mit parmi les colonnes. Le prince, voyant qu'il n'était pas assez fort,
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