Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt
48 f. CART
la flottille sous les ordres de Nassau qui, depuis quelques jours, est à la rade, mais n'a pas le vent favorable pour partir. Il doit nécessairement hasarder un combat avec la flottille ennemie. On dit que le roi l'attend avec impatience et le prince doit tout faire pour regagner l'opinion du public qui n'est plus disposé à son avantage. »
Le 15 juillet : « Dimanche, l’Impératrice a été en ville pour chanter le Te Deum à l'église des matelots. La victoire des Russes a été due à l’imprudence du roi de Suède. Pour échapper à la flotte russe qui le bloquait, il voulut forcer le passage. Un de ses vaisseaux’ sauta ; sept de ligne furent pris et plusieurs frégates. Le roi a eu toutes les peines du monde à se sauver sur trois ou quatre bâtiments qu'il quittait à mesure que l'ennemi en approchait. »
Le 16 : « Le roi de Suède, qui ne perd pas son temps, nous a frottés à son tour. Dans un nouvel engagement, le prince de Nassau fut obligé de se sauver; plusieurs bâtiments russes furent pris, brûlés, coulés à fond. Le roi avait ordonné, avant le combat, que, lorsqu'on verrait le feu à son yacht, chaque commandant devait mettre le feu à son bâtiment et sauve qui peut. C’est un capitaine anglais, Smith, qui dirige la flotte suédoise. »
Mie L. fait un récit détaillé de ce combat. Elle raconte la générosité du roi de Suède, le désordre qui s'était mis dans le commandement russe. Cependant les Russes avaient aussi eu quelques avantages et, des deux parts, il y avait eu de nombreux actes d’héroïsme.
Le 18, l’Impératrice vint à l'Amirauté, à midi, au milieu d’un enthousiasme indescriptible des matelots, qui poussaient des cris, et au bruit des fanfares et du canon. M! L. ne vit que de loin la grande dame, qui était, dit-elle, en high spirit. On lançait un vaisseau de 112 canons.
Si l'Impératrice excite l'enthousiasme, en revanche, le prince de Nassau devient « l'objet des risées à Saint-Pétersbourg. Si l’on a confiance dans son courage, on n’en a plus dans ses capacités. »
9 août : » Dans ce moment, la situation de nos escadres est à peu près la même. La grande est en partie rentrée à Revel, et celle des Suédois à Sweaborg, mais la flottille est toujours en présence de l’ennemi. Elle a été considérablement augmentée, de sorte qu'il ne tiendra qu'au prince de faire une tentative pour regagner ses lauriers perdus. »