Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

beaucoup de bien, désigna mon logement chez le marquis de M..., où je trouvai la plus généreuse hospitalité. Logé dans une chambre très confortable, je fus admis à la table de la famille, lorsqu’un incident des plus inattendus vint changer l’agréable existence que je menais. Le marquis de M... avait une fille charmante, qui avait été élevée au couvent. Peu de jours après mon arrivée, elle devait avoir une entrevue avec son fiancé, entrevue à laquelle le marquis m’engagea à assister. Je fus très flatté, je l'avoue, de cette marque de confiance. J'étais jeune alors! et l’impression que produisit sur moi Mle de M... ne lui échappa point. Le fiancé était un vieillard morose, et ce mariage, arrangé au sortir du couvent, sans V’aveu de la jeune fille, ressemblait à ces tristes fiançailles qui sont un marché, plutôt que l'union de deux cœurs. Au bout de quelques jours, il s'établit entre la jolie fiancée et moi une innocente correspondance, représentée par des fleurs d’abord, puis par des billets brûlants d'amour, que nous cachions avec soin, tantôt dans nos serviettes, tantôt dans la corbeille à ouvrage dont se servait ma belle Napolitaine. Mais notre bonheur ne devait pas durer longtemps : Mlle de M... fut vue par