Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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j'avais obtenu dans l’armée helvétique. Je faisais partie du bataillon Felber, et j'étais sous les ordres de mon frère, qui était capitaine depuis longtemps. Envoyés d’abord à Ancône, puis à Lorette, nous suivimes ensuite les bords de l’Adriatique jusqu’à Barlette. Cette contrée m’a toujours laissé une impression agréable; j'en ai peu trouvé dans mes courses lointaines qui ressemblassent davantage aux rives de notre beau lac.

L’aisance paraissait y régner, et les villages nous offraient des logements passables. Me trouvant à l’avant-garde, je m’égarai, en m’éloignant de la grand’ route, et cette imprudence faillit me coûter cher. Dévoré par la soif, je me désaltérai à un ruisseau qui coulait dans l’Adriatique, et, la nuit suivante, je fus pris d’une violente dyssenterie. Obligé de suivre le bataillon, j'étais forcé de me servir des voitures à deux roues du pays, misérables véhicules traînés par des bœufs. Mes douleurs en étaient cruellement augmentées. J’arrivai ainsi à Barlette, où je fus embarqué avec d'autres malades, afin de diminuer ce qu'avait de pénible notre trajet par terre. Nous fûmes alors débarqués à Bari, où nous séjournâmes quelques jours avec le régiment. Le colonel me voulant