Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
— 1450 —
les Suisses, mais, comme toujours, fidèles à leur serment, ils le respectèrent. Pour le soldat, c’est la première maxime.
Peu de temps après cet événement, qui me rappelait ce qu’étaient les régiments suisses avant leur départ pour la Russie, j’eus occasion de revoir un de mes anciens camarades de Polotsk ; et, comme tout ce qui se rattache à cet événement n’est pas sans importance dans ma vie, je n’ai rien oublié de l'incident que je vais révéler. Je le ferai avec la plus grande circonspection possible, afin de prouver que je ne me venge pas, même de ceux qui m'ont fait le plus de mal. Venons au fait.
Jhabitais à cette époque au Chemin Neuf, lorsqu’on vint m’annoncer un ancien camarade de Gr... En effet, je vis arriver à moi M..., l’ancien adjudant sous-officier dont j'ai parlé dans le temps, et qui avait servi depuis dans la garde royale. Je m'avançai vers lui les bras ouverts, en lui témoignant tout le bonheur que j'avais à le revoir, lorsqu'il se prit à me répondre, d’un air grave et sérieux, qu'il était indigne de mon amitié et qu'il demandait à s'expliquer. Je fus stupéfait de cette réponse ; je m’assis et je l’écoutai. « Vous vous souvenez, dit-il, de la fameuse journée de Polotsk,