Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Ce passage effectué, nous marchâmes trois nuits et deux jours sans savoir où nous allions, et, ce qui était plus fâcheux encore, sans vivres et sans souliers. Pendant cette marche forcée, nous ne nous arrêtèmes que deux fois, pendant deux heures chaque fois. Encore quel repos! J'étais obligé de surveiller continuellement les soldats, afin qu’ils ne commissent pas d’excès pour obtenir des vivres et des chaussures.

Enfin j'arrivai avec l’aigle du régiment, que J'avais dû porter durant la plus grande partie de la route, n’ayant plus qu’un sous-lieutenant avec moi et six hommes, j’arrivai, dis-je, devant une ville dont j’ignorais le nom, et que j’appris, plus tard, étre Castel-Branco, où devait se rassembler une partie de l’armée. N’osant pas entrer en ville avec si peu de monde, je fis allumer des feux, décidé à attendre les traînards. Après deux heures et demie d’attente, javais sous la main 350 hommes et quelques officiers. Je fis assembler mon monde et me dirigeai sur Castel-Branco. Heureusement la caserne où devaient loger nos soldats était à l'entrée de la ville. Je formai un peloton de 60 hommes des plus solides, et je fis porter le drapeau chez le colonel. Pendant ce temps je