Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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et un fruit qui ressemble à la fraise, ne sont pas une nourriture qui convienne longtemps à des estomacs de soldats. Avec cinquante hommes de la compagnie vaudoise et vingt-cinq artilleurs, chargés de sacs pour emporter notre butin, nous entrâmes dans un village dont la population prit la fuite à notre approche. Une centaine d'hommes seulement parurent nous attendre ; nous voulûmes parlementer, mais ils ne voulurent pas entendre raison, et nous dûmes en venir aux COups de fusils comme dernier argument. Il ne fut fait aucun mal aux habitants qui restèrent tranquilles, quoique nous fussions exaspérés de l'assassinat de plusieurs de nos camarades, dont nous retrouvâmes les uniformes dans plusieurs maisons. Nous emportämes de ce village une soixantaine de moutons, des cochons et des poules, de la farine et du pain. Les hommes qui, après la fusillade, s’étaient retirés à une demi-lieue de là, poussaient des cris terribles et menaçants. Ayant tout ce qu’il nous fallait pour ravitailler la troupe jusqu’à Abrantès, nous ne répondîmes à aucune provocation. Nous rencontrâmes encore un nouveau torrent, fort dangereux, que nous eûmes beaucoup de