Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Après une recherche de quelques heures, nous découvrimes un petit village, riche en bétail de toute espèce. Nous nous fimes donner du pain, dont nous ne connaissions plus le goût depuis huit jours. Nous prîmes encore un bœuf et six moutons. Les habitants nous remercièrent de notre modération, car ils ne s’attendaient pas à ce que nous respecterions le reste de leurs troupeaux. Notre butin fut reçu au bivouac par des hourras de satisfaction. Tout le bataillon nous attendait. Le colonel m’adressa quelques reproches de m'être aventuré si loin dans une contrée où nous ne pouvions rencontrer que des populations exaspérées. Néanmoins il y a, après tout, moyen de se présenter même auprès de ceux qui paraissent le moins civilisés et de le faire sans. danger.

Nous n’avançions, du reste, que bien lentement. Le colonel d'artillerie Rott, homme juste et brave, fit doubler les prolonges par des chevaux de la deuxième division. Ceux-ci furent renvoyés d’Abrantès, dont nous n’étions qu’à cinq lieues, mais, je le répète, nous avançions très lentement; puis il fallait songer sans cesse à nous ravitailler. Le miel, que l’on trouve partout en abondance,