Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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veloppa l’épaule, et nous continuâmes notre route avec ce général que nous remontämes sur son cheval. Plus loin encore, un autre boulet renversa le colonel Mallerot. Je descendis pour voir où il était blessé, et ne trouvai aucune marque du boulet; cependant le colonel était mort (1).

Le maréchal Ney aimait à faire de pareilles reconnaissances et il n’y manquait jamais. Lorsque des officiers généraux lui étaient envoyés par l'Empereur, il affectait de causer avec eux sous le plus grand feu de l’ennemi et le sifflement des balles, et je l’ai vu, dans ces pénibles circonstances, étendre sa carte sur la terre et expliquer au général de Napoléon (qui ne l’écoutait guère) les mouvements que l'Empereur devait ordonner et la position de l'ennemi.

Revenus au camp, le maréchal m’ordonna de partir avec dix pièces d'artillerie, de gagner Deppen et de placer ces pièces derrière le pont sur la Passarge, pour protéger la retraite. Je quittai le camp avec une compagnie de chasseurs et quatre pièces de 8, et nous fûmes escortés par des milliers de Cosaques qui ne purent nous entamer. Je plaçai mes pièces en batterie derrière la rivière et je pris sous mon feu la cavalerie qui nous avait suivis.

Sur les midi, je commençai à apercevoir l’ennemi, sur lequel nous ouvrîmes le feu. Depuis le

(1) Les soldats appelaient cela étre tué par le vent du boulet. (Note d'O. Levavasseur.)