Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

ÉCOLE DE METZ. — CAMP DE BOULOGNE 3

dans lequel il menaçait du fort de Bitche le premier qui sortirait de la ligne du devoir. Cette menace produisit son effet.

Les élèves de l'École d'application continuaient à Metz le système d’intimidation et de tyrannie auquel ils avaient préludé à l’École polytechnique de Paris. Ce système prenait même à Metz un caractère plus étendu. Cette place est exclusivement militaire; l'uniforme s’y montrait partout et la domination la plus absolue était notre partage. Sur les promenades, au théâtre, dans les salons, les prétentions de notre folle jeunesse ne s’arrétaient devant aucun obstacle : notre volonté, notre caprice faisaient la loi.

La partie de nos journées que nous ne consacrions pas à l'étude se passait au café, au manège ou à la salle d'armes. L'esprit général de notre École était en harmonie avec l'esprit général de l’armée. L’air fanfaron, les grands sabres recourbés et traînant à grand bruit sur la terre, les hauts plumets sur les chapeaux posés en avant et penchés sur l'oreille, telle était la physionomie d’un élève. On n’entendait parler que de vitres brisées, de chats égorgés, de chiens percés d’outre en outre. Les duels sans accommodement formaient la règle et le sabre le droit commun. Les rencontres avaient lieu à tous moments, en plein jour : pour un mot, on mettait flamberge au vent.

Un jour, au café, Moreau jouait au billard avec Souhalac, Cahouet et d’autres camarades : une dis-