Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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cussion s’éleva entre Souhalac et moi et devint tellement vive qu’un duel parut nécessaire. Je me rendis avec Cahouet sur le terrain. Nous ôtâmes nos habits et, l’épée à la main, nous nous mimes en garde. Après avoir soutenu l'attaque de Souhalac et rompu plusieurs fois, je lui lançai un coupédégagé en levant le poignet; l'épée pénétra dans l'os de l’épaule et s’y brisa. Voyant Souhalac le bras tendu et immobile, je m'élançai sur lui, pris à deux mains le tronçon d'épée resté dans les os et le retirai. Au même instant, ne voyant qu'une petite ouverture par laquelle le sang ne s’échappait pas, je suçai la blessure jusqu’à ce qu'il vint; jen retirai le plus qu'il fut possible. Les chirurgiens déclarèrent que Souhalac me devait la vie : si je la lui eusse ôtée, j'en serais resté inconsolable.

Souhalac avait une tête fortement organisée; à l'École, il résolvait en peu d’instants les questions les plus difficiles. Il est à regretter que sa destinée l'ait fait attacher, sous l’Empire, au service de la grande-duchesse de Toscane, et qu'il n'ait pu prendre part aux grandes actions qui auraient mis en lumière son mérite consommé. Il mourut d’ailleurs fort jeune.

Nos travaux à Metz consistaient en études sur l'attaque et la défense des places, sur la confection des bouches à feu, la portée, le tir du canon et du mortier, la fabrication des différentes armes de guerre, les levés à vue, à la planchette, à la boussole, le tracé des routes et le calcul des déblais et