Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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tés de sa position; chaque soldat étant obligé de fouiller chaque maison pour trouver sa subsistance, il est impossible d’empécher les excès qui résultent de ce désordre et ce désordre se manifeste à un plus haut degré encore, lorsqu'on entre dans une ville riche où il n’y a aucun habitant. Quelle situation effrayante pour un vainqueur que celle de se voir dans une ville dont toutes les habitations sont fermées, où il n'y a plus même ni femmes, ni enfants, ni vieillards!

Telle fut notre surprise en entrant dans Bilbao. L'armée resta l'arme au bras dans les rues pendant une demi-heure, attendant une démonstration quelconque de la part d’un représentant de la cité; mais cette attente fut trompée. Alors, il fallut bien donner l’ordre de loger; il fallut enfoncer les portes des maisons; nous en trouvâmes l’intérieur intact; le feu du foyer brûlait encore. Nous mangeâmes le repas préparé pour les maîtres du logis ; le lit était prêt à nous recevoir. Le maréchal s'installa chez l'amiral Massaredo, rallié à Joseph et son ministre de la marine.

Nous restämes ainsi pendant quelques jours, tâchant de ramener les habitants dispersés dans les montagnes; souvent ils envoyaient près de nous des domestiques pour voir ce que devenaient leurs propriétés.

Le 22 octobre, nous étions cantonnés aux environs de la Guardia, faisant face à l’Ébre. Bientôt, nous apprîmes que Castaños manœuvrait par notre