Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

GUERRE D’ESPAGNE EN 1808 ET 1809 123

soleil, au nombre de plusieurs milliers, et attendant le signal de la cloche du couvent voisin, pour aller y chercher dans des écuelles sa subsistance. Sur les places, invariablement entourées de colonnades et de balcons, immenses arènes où se donnent les combats de taureaux et les sérénades, une foule accroupie qui emploie toute son énergie à travailler de toutes ses mains sur toutes les têtes à l’extinction de la vermine, tels furent les contrastes qui m'occupèrent d’abord, et, pour ajouter à l’étrangeté de ce spectacle, le premier général que nous rencontrâmes avait pour uniforme une longue soutane noire et le crucifix à la main.

À Bilbao, un combat acharné s’engagea près de la ville; les moines commandaient les troupes et voulurent en vain se défendre dans leur couvent transformé en citadelle; nous entrâmes dans les remparts. Mais, dès lors, nous vimes la différence qui existait entre cette invasion et nos invasions précédentes : là, tout nous était offert avec cordialité, ici tout était à enlever de vive force.

D’après les lois de la guerre, toute ville, qui se défend et se laisse prendre sans capitulation, tombe, par le fait, au pouvoir du soldat. Il appartient aux généraux, de concert avec les magistrats, de rétablir l’ordre le plus promptement possible et de régulariser l'impôt frappé sur les habitants ; mais, lorsque les magistrats abandonnent la cité, aucune règle ne peut être prescrite pour les besoins de l'armée : chacun pourvoit aux nécessi-