Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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tôt leur cavalerie ramenait la nôtre au galop, et précipita sous nos yeux les chasseurs dans la rivière. Dans cette malheureuse affaire, LefebvreDesnouettes fut fait prisonnier; nous recueillimes à notre état-major, pour en partager le périlleux service, ses deux aides de camp. Le pont étant rétabli, on continua la marche en avant sans rencontrer l’ennemi.

Le retard éprouvé au Guadarrama pendant deux Jours, le temps qu’il fallut pour le rétablissement du pont de Benavente, firent échouer la manœuvre ordonnée par l'Empereur. Arrivé à Benavente le 30, il dépassait ce point et suivait le général Moore, dont nous ne vimes que larrière-garde. Notre brave général Colbert, en tête avec ses chasseurs et ses hussards, était déjà sur la grande route de Galice; nous arrivâmes non loin d'Astorga à un embranchement dont la colonne du maréchal Soult interceptait l'entrée à notre infanterie. Le maréchal Ney m’envoya prier Soult d'arrêter la colonne, afin de pouvoir prendre la tête, selon le rang qui lui avait été assigné; mais le duc de Dalmatie refusa d’obtempérer à cette invitation et continua sa marche. Par suite de ce mouvement, notre avant-garde, commandée par Colbert, devint la sienne. Le maréchal Ney, mécontent, séjourna dans Astorga et cessa d'appuyer son collègue.

Pendant ce voyage, nous éprouvâmes combien les transports sont difficiles en Espagne : on employait tour à tour des charrettes, des mulets et