Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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avec leur docilité et leur intelligence ordinaires.

La Garde impériale exerçait dans les logements une prépondérance marquée. Il était fort désagréable de se trouver en contact avec elle. Tout semblait devoir lui être dévolu: partout, Les soldats se faisaient donner double ration. Il en était de même à l’égard des divers services qui dépendaient d'elle. Un jour, un convoi d’änes fut présenté à l’intendant militaire, et les conducteurs demandèrent leur ration. L'intendant leur délivra des bons de simple ration; alors les conducteurs s’écrièrent : « Nous sommes les ânes de la Garde! » — « C’est différent, dit l’intendant, ânes de la Garde, rations de mulets. » — Le mulet, par son grade supérieur parmi les animaux de bât, était à l'âne ce que la Garde était à la ligne. Ce mot fit fortune dans l’armée de ligne qui répétait, toutes les fois qu'elle se retrouvait avec la Garde impériale : Anes de la Garde, rations de mulets.

1809.

L'Empereur, arrivé à Astorga, le 2 janvier 1809, y donna au maréchal Soult l’ordre de poursuivre l’armée anglaise dans sa retraite sur la Galice et d’empécher, s’il était possible, son embarquement à la Corogne. Le duc de Dalmatie se mit sur-le-champ en mouvement pendant que nous restions à Astorga.